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« Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même. On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues… »                              
                                                                                                       Joseph Kessel

 

Ce tour du monde, que je prépare depuis deux ans, a pour moi une importance particulière. A la fois réalisation de mes rêves d’enfant et accomplissement de ma vie d’adulte, il est le lien entre mes passions et mes projets professionnels. L’appel de l’aventure me pousse vers l’avant, et l’expérience du voyage me permet de tempérer celui-ci de la pondération et de la préparation voulue pour un tel périple. C’est dans cette optique que j’ai pris le temps de cerner mon itinéraire et mon budget et de cibler précisément la tournure que je souhaite donner à ce grand départ. Ma décision prise depuis longtemps, j’ai pu coordonner mon planning universitaire à ce départ, interrompant momentanément mes études avant de poursuivre mon cursus vers la recherche. 

 

Aller jusqu’au bout de soi et se dépasser, forger ma personnalité en la frottant aux expériences et aux épreuves du voyage, c’est là ma motivation profonde. Selon les mots de Soljenitsyne, personne sur terre n’a d’autre issue que d’aller plus haut, mais choisir son but et sa destination, puis se laisser porter par la route et se battre pour lui conserver l’essence rêvée et un regard renouvelé sur le monde à la force du corps et de l’âme, voici le mode de voyage et de vie qui m’appelle à ce périple.

 

« On ne fait pas un voyage. Le voyage nous fait et nous défait, il nous invente. »

 David Le Breton

 

J’ai donc tenté de donner à mon projet tous les aspects qui me sont chers pour, comme le disait la grande Virginie Hériot : « Matérialiser dans l’action une longue méditation faite d’isolement et de rêve ».

J’exposerai donc plus précisément les grands axes de mon projet.

Le voyage est donc ma première motivation. Nomade dans l’âme « une force extérieure m’emporte sur la terre avec la régularité d’une horloge » dirait Sylvain Tesson, insatiable wanderer dont je me permets modestement de suivre l’exemple. Sans cesse retentit l’appel du voyage, auquel je me soumets avec joie. Et si le clairon ne sonne pas toujours au moment le plus adéquat, tant pis, la fièvre vagabonde triomphe toujours : « allons ! »

C’est donc cette fièvre qui m’a poussé dès l’adolescence sur les routes, tout d’abord à travers la France, puis l’Europe, et en particulier dans la solitude de la forêt que j’affectionne tout particulièrement ; un espace propice à l’apprentissage de la débrouillardise et à la réflexion.

 

« Le seul héros, le seul homme libre, c’est le vagabond »                

                                                                                                       Joseph Kessel

 

Le voyage est magique. Mais encore faut-il lui conserver son essence. Pour moi, cette essence réside dans l’effort qui forge la route : « il n’est point de paysage découvert du haut des montagnes si nul n’en a gravit la pente, car ce paysage n’est point spectacle, mais domination. » disait Saint-Exupéry, illustre vagabond lui-aussi. Et quoi de mieux pour grimper ces sommets escarpés de la contemplation que d’user ses semelles aux sentiers de la terre ! (ou son fond de culotte à la selle d’une monture- le vélo ayant aussi droit à cette catégorie où il a gagné sa place« à la force du mollet ») Le voyage by fair means  développe cette capacité d’émerveillement devant le monde et sa beauté.

Même si je l’ai parfois trahit : me repliant derrière la pancarte de l’auto-stoppeur, notamment en Europe où, encombrée -faute de moyens-de tout un garde-manger additionné à mon matériel de pêche (compagnon fidèle de mes chemins européens), j’avoue avoir  levé le pouce plus d’une fois ; c’est le moyen de locomotion qui a ma préférence.

Mon périple suivra donc une ligne de conduite sportive. Le principe de ce voyage résidant en grande partie dans le dépassement de soi, je pense que l’aspect sportif est particulièrement important. Pour rester dans cette ligne de conduite et appliquer à la lettre le « mens sana in corpore sano », je n’utiliserai donc pas de moyen de locomotion motorisés (sauf bien sûr cas d’extrême urgence), mais parcourrai mon itinéraire à la force du mollet – à vélo pour toute la partie terrestre- et du poignet – en voilier-stop pour la partie maritime.

Pratiquant régulièrement plusieurs sports, dont le vélo bien-sûr, j’ai acquis l’habitude de fournir un effort prolongé et de gérer celui-ci pour garder régularité et efficacité. La pratique des sports de combat, notamment l’escrime et la boxe, m’ont de plus enseigné à vaincre le découragement et à me relever pour aller au bout de soi-même ; un entrainement non négligeable pour un voyage au long cours. J’ajouterai que la pratique de ces sports de combat et de ma familiarité avec l’ADD ou Parkour, me permettront surement d’appréhender avec plus de sureté et d’adaptation les obstacles et dangers du chemin qui ne sauraient être absents.

« La victoire n’est point paysage possédé du haut des montagnes mais entrevu du haut des montagnes quand tes muscles te l’ont bâti, mais passage d’un état à un autre. »

Antoine de Saint-Exupéry

 

Ce mode de voyage est, par nature presque, destiné à être pratiqué seul. On est toujours solitaire dans l’effort qu’on fournit et dans le but qu’on poursuit. La solitude accorde une grande place à la contemplation et permet de goûter à la beauté des lieux qu’on traverse, comme on déguste un bon cigare, bouffée après bouffée …

 

« Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course

Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.

Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes… »

Comme le chantait Rimbaud, voyager ainsi, sans feu ni lieu, permet à l’esprit d’user le temps aux frottements de la mémoire : au rythme de la marche s’enfilent les vers appris, les leçons de choses…et les rencontres.

 

La grande liberté que donne ce système est propice aux rencontres les plus passionnantes. Celles qui gravent l’identité d’un pays au burin des visages qui jalonnent la route. Le cœur et le sac léger, dormant là où mes pas me mènent, (le ciel compte en effet bien plus des quatre ou cinq étoiles de confort dispensées dans les hôtels !) je peux ainsi voguer au fil des personnes que je croise et, à force de mêler ma sueur à la terre-ou au sable- du pays arpenté, m’y trouver liée de façon plus proche.

Voyager en wanderer a en outre l’immense avantage d’être très bon marché : j’ôte d’emblée le gite à ma liste de dépense, -excepté dans les grandes villes où, à fortiori au vu des troubles locaux qui ne seraient manquer au programme, je me replierai dans les auberges de jeunesses où petits hôtel ; à moins bien sûr de trouver un hôte sur le chemin !

 

C’est le moyen le plus séduisant et le plus respectueux de l’environnement que j’ai trouvé : il permet une proximité avec la nature, dans le total respect de celle-ci et donne au voyageur la possibilité de se fondre dans la géographie, de retourner aux sources sans passer par la case « touriste », sans détériorer l’équilibre et la beauté qu’offre la route. Grâce à la dynamo de mon vélo et à un chargeur solaire, je peux fournir toute l’électricité dont j’ai besoin, tant pour charger mes batteries d’appareil photo que mes phares et lampes (les seuls appareils à courant dont je disposerai). Autoproduisant mon énergie et progressant avec tout le matériel nécessaire subvenir au manger et au coucher, j’envisage ainsi tout mon voyage en totale autonomie…et en totale écologie !

Si voyager seule est ainsi à la fois un défi et une motivation, l’intérêt se retrouve au final dans les rencontres qui forment la trame et l’âme de tout voyage.

 

« Un bon voyageur ne doit pas se produire, s’affirmer, s’expliquer, mais se taire, écouter et comprendre. »

Paul Morand

 

J’espère concilier ainsi un voyage en solitaire avec l’apport de riches rencontres pour tisser une tapisserie vivante et variée des peuples rencontrés, à la navette du chemin. Cette quête de « l’autre » au fil des pays me semble être le moyen le plus beau et le plus complet pour apprendre, se remettre en question et regarder avec humilité le monde.

Pour ce faire, je pense que l’observation des mœurs et  de l’art propre à chaque peuple qui sont la meilleure manifestation de leur âme et leurs particularités, a une importance particulière. Je compte ainsi coordonner à l’axe sportif de mon projet un axe artistique.

L’art tient une place prépondérante dans le patrimoine d’une ethnie où d’un pays, et c’est sur cet aspect que je souhaite me pencher. Mon voyage se construira donc selon un sujet de recherche, où plutôt d’observation, que j’orienterai vers les arts et danses traditionnelles, et plus précisément dans le cadres des arts et danses guerriers. Ce sujet me permettra de donner une ligne de conduite au travail de reportage photo  et dessin qui s’articulera autour de ce thème.

 

En effet, pratiquant depuis mon enfance avec assiduité de nombreux domaines artistiques, il m’est très important de collecter au long du chemin les éléments les plus marquant que le monde m’offrira, et d’en garder une image où un rendu, afin de restituer et de faire partager cette expérience. Si la photo et le dessin seront donc l’outil de ce rendu, la danse (que je pratique depuis plusieurs années), me semble un sujet particulièrement intéressant, sport et art à la fois, formant un pont gracieux entre le sport et la beauté de l’effort physique et l’art et la signification émouvante de la beauté plastique, à l’image du peuple qui l’a modelé à son image ; tout ceci au rythme de la plus belle voix d’une communauté : sa musique. Les danses guerrières et danses de rues me parlent particulièrement, car elles sont mêlées au plus profond à l’identité des peuples, tant par l’aspect combatif qui découle souvent de luttes et combats historiques, que par leur capacité à restituer l’âme des populations dans ce qu’elles ont de plus particulier. Ainsi, des danses guerrières des tribus africaines aux arts martiaux asiatiques, en passant par ces danses-combats tels que la capoeira brésilienne , je m’appliquerai à respirer au plus près le souffle des peuples, en écoutant et m’imprégnant du pouls de leurs danses et de leur esprit combatif.

 

En outre, je compte étioler ce reportage photo et dessin d’un rapport écrit, tenant plus à l’orientation de mes études, qui essayerai d’apporter une réflexion sur la relation entre ces danses guerrières et arts martiaux et la construction d’ethnies ou d’appartenance à un groupe populaire. Danses guerrières et arts martiaux comme reflet de la construction identitaire sera donc le thème de mon rapport écrit. Un sujet qui présente l’immense avantage de concilier l’aspect sportif de ma démarche avec son aspect artistique, tout en me permettant d’y apporter les acquis de mes études et de poursuivre celles-ci sur le terrain, en quelque sorte. De plus, ce sujet me donne l’occasion de faire une démarche d’autant plus poussée de rencontre et d’immersion au sein des communautés que je rencontrerai : chercher sur la route et dans la rue l’âme des pays dans leurs manifestations les plus passionées.

 

« Pour bien aimer un pays il faut le manger, le boire et l’entendre chanter. »

Michel Déon

 

Cette démarche s’inscrit pour moi dans une volonté de rendre visibles et d’aider à la protection des trésors du patrimoine mondial, contribuant ainsi, à ma petite échelle à la mise en valeur et au développement de la culture populaire et de l’environnement. Un combat qui m’est cher et qui, je l’espère, sera soutenu par de nombreux partenaires, me donnant ainsi les moyens d’offrir une plus grande visibilité à des peuples et coutumes méconnus et souvent défavorisés.

Pour atteindre mes objectifs, j’ai déterminé un itinéraire qui tente d’englober le plus de facettes de ce patrimoine mystérieux, tout en optimisant au maximum mes déplacements ; itinéraire d’autant plus important pour un voyage à vélo.

 

Mon départ est fixé en septembre 2014, à Paris. De là je rejoins le continent africain en passant par le détroit de Gibraltar, puis poursuis ma route à travers le Sahara occidental puis l’Afrique subsaharienne. Arrivée Gabon, je me dirige vers l’Afrique de l’Est à travers le Congo, jusqu’au Kenya où je redescends vers Zanzibar. Arrivée à Der-Es-Salam, je rejoins l’Afrique du Sud en bateau-stop. De là commence la première grande partie maritime de mon trajet à travers l’Atlantique, en bateau-stop toujours. De retour en selle au Brésil, je reprends le chemin vers le sud, jusqu’en Ushuaia, d’où je remonte jusqu’au Pérou, à travers le chili et la Bolivie. Du Pérou, j’embarque de nouveau en bateau-stop pour l’Asie du Sud. A partir du Vietnam, je remonte la péninsule indochinoise jusqu’à la Chine, puis le Népal, l’Inde, le Pakistan, d’où je rejoins la Caspienne à travers l’Afghanistan et l’Ouzbékistan, pour remonter ensuite vers le nord,  à travers l’Ukraine et la Russie. Arrivée en Europe du nord, je longe pour finir les cotes de la mer du nord pour redescendre en France, à Paris, mon point d’arrivée, fin 2017.

 

Ceci est bien entendu un itinéraire prévisionnel, soumis bien sûr aux modifications que ne manqueront pas d’apporter les différentes rencontres et péripéties de la route. De plus, en raison de mon mode de voyage by fair means, je dois tenir compte de tous les éléments climatiques et géographiques, qui influeront certainement les arabesques de ma route.

 

Ayant une certaine expérience de l’organisation d’un voyage, grâce aux expériences que m’a perdu la fondation Zellidja lors de mes deux précédents voyages avec elle, je mets l’accent sur l’organisation pratique de celui-ci, en particulière à travers l’évaluation et la préparation du budget, que j’ai pris l’habitude de noter scrupuleusement dans un carnet de comptes, garant de la bonne planification et surtout du bon retour.

 

En effet l’organisation financière d’un tel voyage est essentielle, et revêt dans mon cas un aspect indissociable de la réalisation de mon projet.

 

 De fait, ce périple m’est impossible sans une aide financière. Disposant comme de tout mon budget pour financer mes études, toutes mes économies et les recettes de mes petits boulots sont englouties dans mon loyer. Un handicap auquel s’ajoute celui du temps, puisque l’année universitaire ne finit que fin juin et ne permet donc pas de prendre un emploi pour plus de deux mois.

C’est donc vers des organismes d’aide et de support tels que les fondations, les sponsors, les associations, les entreprises et les mairies, conseils régionaux et autres organes officiels ou non, que je me tourne. Seul leur soutien peut m’offrir l’occasion de repartir pour une merveilleuse expérience.

 

L’esprit de partage de cette expérience m’enthousiasme aussi. Quoi de plus motivant que de transmettre ce qu’on a reçu ! Le témoignage auprès des jeunes dans les lycées, dans le cadre des actions pour la fondation Zellidja, m’a été révélateur dans ce sens, en nous permettant de partager nos expériences, mais surtout de comprendre quels arguments et quels aspects du voyage peuvent être éclairants et formateurs pour apporter aux jeunes ce « bonus » incontestable qu’est une telle expérience dans la vie quotidienne. Ces moments de partage, par le biais des témoignages est de plus un puissant levier pour motiver le plus de monde possible à arpenter notre cher vieux globe ! Aussi j’espère avoir tout le soutien des associations et organismes concernés par ce témoignage et soucieux d’offrir un nouveau regard à la jeunesse à travers une exposition où une conférence dans ce cadre.

 

« Un des grands malheurs de la vie moderne, c’est le manque d’imprévu, l’absence d’aventures », disait Théophile Gautier, bien que ceci ne me semble pas plus applicable à notre époque qu’à une autre, il est vrai que l’aventure pimente la vie de souvenirs et de leçons enrichissantes. Tout le monde n’ayant pas l’occasion d’en profiter, pour une multitude de raisons, le partage de cette expérience me semble très importante pour ceux qui ont la chance d’en profiter. Ce partage est à la fois une motivation et un soutien pour le voyageur et ceux qui voyagent par son biais. Dans cet optique, le témoignage de mon périple me parait être à la fois un remerciement de ma part pour ceux qui me permettent de partir, et une fenêtre sur le rêve qu’est l’aventure, pour ceux qui n’ont pas la possibilité de prendre la route. L’aspect sportif et artistique de mon projet me permet de chercher aussi bien du côté des enseignes de sport que des groupes artistiques un soutien et une image qui reste dans l’esprit de ma démarche tout en promouvant la marque autour du monde. De même, l’aspect de recherche et de mise en exergue de mœurs et de populations défavorisées pour la plupart, puisque j’ai choisi mon itinéraire en excluant presque tous les pays dit « riches », me permet de démarcher auprès de partenaires, associations, fondations et entreprises qui se soucient de l’environnement et de la conservation du patrimoine populaire.

 

Dans ce sens, j’espère trouver le plus de partenaires possibles, afin de coordonner l’aide qu’ils m’apporteront avec la visibilité que je peux apporter à ma petite échelle, au travers d’un site dédié à cette aventure, des échos des réseaux sociaux et des témoignages que je prévois à mon retour.

 

 

Mon itinéraire est susceptible d’être aménagé selon le timing et les imprévus. Il demeurera néanmoins fidèle au système que je me suis donné, quitte à réduire les distances, ou à forcer la marche… mon objectif n’étant pas tant de visiter absolument les lieux -marquants certes, mais construit de main d’homme- que de découvrir ceux qui les gardent vivant. On comprend souvent mieux la raison et la place de ce que nos yeux nous laissent paraitre, à l’aune du reflet que nous en font ceux qui y vivent.

Un périple dont la ligne de conduite n’est donc ni le tourisme (quoique je pense que l’art modèle les traits d’un pays), ni la géopolitique (quoique l’histoire politique forme les rides de ce visage même), mais la saisie d’une vision globale et humaine de cet ensemble au fil d’un parcours sportif et d’une démarche de dépassement de soi.

Mon reportage s’organisera donc autour d’un rapport écrit ; A celui-ci je joindrai une galerie de photos et de dessins, dont le plus de portraits possible, en espérant qu’ils restitueront un tant soit peu le visage que je tente de peindre. A l’appui de ces supports s’ajouteront bien sur mes carnets de route, que j’ai l’habitude de parsemer, outre de croquis, de toutes les sources littéraires et paléographiques que je peux noter; sans compter l’indispensable livre de compte, garant du déroulement du voyage, et du retour !

Au terme de cette présentation je finirai sur ces mots, qui synthétisent si bien l’ensemble de mon projet...

 

« Fais de ta vie un rêve et de ce rêve une réalité »      

                                                              A.de Saint-Exupéry

 

J’espère que vous m’aiderez sur cette voie !

 

 

 

Mes projets

Tour du monde à vélo et en bateau-stop

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