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« Freedom and whisky gang thegither »

 

Oh whisky! Soul o’ plays and pranks!

Accept a bardie’s gratefu’ thanks!

When wanting thee, what tuneless cranks

Are my poor verses!

Thou comes – they rattle in their ranks,

At ither’s arses!

Fortune! If thou but gie me still

Hale breeks, a scone, an’ whisky gill,

An’ rowth o’rhyme to rave at will,

Take a’ the rest,

An’ deal’t about as thy blind skill

Directs thee best.

Robert Burns

 

Si l’Ecosse était un mot ce serait la liberté, sculptée depuis des siècles dans la lande sauvage qui s’étend au nord du mur d’Adrien ; si l’Ecosse était une saveur ce serait le goût profond de ses whiskies, profond comme ses lochs mystérieux et insondés; si l’Ecosse était une voix, ce serait le chant envoutant des cornemuses et des harpes qui résonnent d’ile en ile ; si l’Ecosse était une couleur, ce serait un tartan bariolé, à l’image de son âme joyeuse dont elle découvre les replis à celui qui s’aventure au-delà du rideau des brumes qui l’entourent jalousement.

 

J’irai boire à sa source l’âme de l’Ecosse. J’irai m’abreuver à ses veines du sang malté qui bouillonne en son cœur. J’irai m’enivrer de son chant magique et sauvage, où les échos lointains des bardes mélancoliques se mêlent aux fanfares des guerriers. J’irai m’enrouler dans les voiles flottant de ses lochs et percer leurs secrets en creusant la tourbe de mes sillons de vagabond.

 

 

J’avais pour ligne de conduite de m’immerger dans ce beau pays d’Ecosse ; mission accomplie. Je pense même avoir atteint la submersion par moment ! Première impression à l’arrivée : de l’eau à ne plus savoir où regarder. Paradoxe dans ce pays du whisky, l’eau du ciel coule bien plus que l’eau de vie. Débarquée à Glasgow avec Bucéphale second du nom (rebaptisé Nessie pour l’occasion), je ne m’attendais pas à cette rude météo qui m’a mené la vie dure mais a sans doute donné à ce deuxième voyage avec Zellidja une dimension supérieure ou complémentaire du premier, en pimentant le trajet d’une couche de difficultés matérielles au-delà desquelles je pense avoir mieux réussi cette immersion-engloutissement sous les cataractes écossaises.

 

Premier bivouac bien éprouvant. Je n’avais pas prévu les températures hivernales…le second pire encore puisque mon duvet dégoulinant étant inutilisable, c’est dans mon hamac de secours et enroulée tant bien que mal dans ma couverture –bien nommée- de survie, que j’essuie le déluge et le froid nocturne. L’entrée en matière digérée, j’ai pu enfin me rassasier des merveilleux paysages écossais, des lochs se découpant sous les nappes de brumes entre deux éclaircies, et de l’immense sympathie des autochtones et des nombreux randonneurs sillonnant le pays.

 

De Fort Williams et du magnifique Loch Lomond (plus chaud d’ailleurs que la température extérieure) au mystérieux Loch Ness et sa grise cité d’Inverness, la route a été néanmoins plutôt solitaire, la météo et les nombreux touristes me limitant dans à des rencontres assez superficielles et rapides. C’est à partir d’Inverness que ma route fusionne vraiment avec mon étude, me permettant de toucher du doigt la richesse du patrimoine culturel et humain de ce vieux pays. Cadeau inespéré du voyage, les belles rencontres qui m’ont été données chez les quelques artistes qui m’ont reçu par la suite ont permis d’enrichir à chaque fois la palette des impressions ayant rapport à mon sujet de recherche. Musicien à Inverness, peintre et plasticien à Aberlour, ou encore comédienne à Tomintoul, c’est autant de mains qui m’ont tendu la main et autant de beaux moment qui ont alimenté ma route.

 

Le retour a été plus mouvementé, les difficultés météorologiques laissant place aux problèmes financiers, mais l’impression générale n’en a été que renforcée : un magnifique voyage, éprouvant mais merveilleux qui, avec son lot d’obstacles, m’a permis de découvrir des aspects du voyage auxquels je n’avais pas été confrontée l’an dernier au Proche-Orient ni lors de mon précédent périple en auto-stop autour de l’Europe : la solitude dans l’inconfort et l’effort et la difficulté d’échanger au-delà de la simple communication, dans un contexte où, malgré le très bon accueil des Ecossais, la froideur de l’hospitalité européenne sévit.

 

Comme le dit si bien David Le Breton : "On ne fait pas un voyage. Le voyage nous fait et nous défait, il nous invente". 

 

J’espère avoir apporté à ce voyage une dimension supérieure au dernier, et compte bien repartir au plus vite continuer de récolter les fruits de l'aventure et, peut-être un jour la sagesse qui en découle.

Ecosse de sang et de malt

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